Comment voir quelque chose à laquelle nous ne donnons pas notre attention ?
L'attention est ainsi un élément pilier d'une bonne vue et développer sa capacité d'attention et la présence à l'instant et à l'environnement sera un pas majeur de la rééducation visuelle.
L'intérêt, l'attention, la présence initient de multiples stimulations cognitives et proprioceptives.
Interrogeons-nous sur la qualité de l'attention qui aidera notre vue.
Nous associons l'attention à la concentration et la concentration à l'effort. Nous développons une attention volontaire et nous nous accrochons à l'objet de notre attention pour .... La question se pose : pour quoi, finalement ? Dans quel but ?
Nous plaçons des efforts, nous donnons de l'énergie, nous nous tendons vers l'objet de notre attention. Ces tensions sont-elles utiles ?
Les Traditions orientales ont développé une profonde connaissance de la nature humaine, du mental et du corps. Elles nous expliquent que l'état d'attention semble continu alors que, en réalité, il est intermittent : l'objet de notre attention restant au centre de ces mouvements de la conscience. La conscience retourne à ce centre, à cet objet, encore et encore, tant qu'il nous intéresse. Toutes les parties de cet objet, toutes les réflexions qu'elles nous inspirent maintiennent notre intérêt, et ce, par instants. Entre ces instants, l'attention retourne au centre considéré.
Cela rejoint les constatations du Dr. Bates concernant la vue. Les yeux regardent un point tout en étant constamment en mouvements - involontaires et inconscients - autour de ce point.
Plus précisément, l'enseignement des Traditions orientales nous parle d'attention spontanée, une attention portée, soutenue par l'intérêt que nous portons à ce que nous considérons.. Selon ces Traditions, l'attention spontanée est ancrée dans le centre même de notre être. Il n'y a donc aucun effort à mettre en place.
A nouveau, cela rejoint les travaux du Dr. Bates. Il pose la DETENTE comme socle de ce qui est devenu sa Méthode. Il dit : "L'oeil possède une vision parfaite, mais seulement lorsqu'il est relaxé." C'est donc une attention dans la détente qui est nécessaire. Il affirme que les tensions mentales sont la source des difficultés visuelles. Je le cite : "... Quand le mental est au repos, rien ne peut fatiguer les yeux. Quand le mental est sous tensions, rien ne peut les reposer."
Je reviens ainsi aux questions que j'ai posées précédemment : Ces tensions sont-elles utiles ? Pour quoi, finalement ? Dans quel but ?
En plaçant des tensions, demandons quelle attitude sous-tend notre regard ? Est-ce une considération empreinte de jugement ? Ou de réprobation ? Ou de résistance ? Ou de protestation ? Ou de demande ? Ou de déni ? Voire de refus ? Ou encore, est-ce une considération basée, en amont, par sur une volonté de maîtrise ?
Et si le remède était de développer une attitude d'acceptation ?
Acceptation de ce que les yeux voient ? Acceptation de ce qui est ?
Acceptation de la vie et de ce qu'elle propose ?
Là encore, nous sommes au coeur des Traditions orientales qui nous proposent un mot, un seul pour nous accompagner sur notre chemin de vie : ACCEPTER.
Nous nous plaçons alors dans ce que Aldous Huxley appelle l'Art de Voir, titre de son livre en hommage aux travaux du Dr. Bates.
Et je rends ici hommage aux travaux de Peter Mansfield, enseignant et formateur de la Méthode Bates, qui dans son livre "The Bates Method" explique que cette méthode s'appuie sur trois A : Acceptance, Awareness and Attention (Acceptation, Conscience et Attention).
Lien vers le livre de Peter Mansfield : ici
3 novembre 2018 - Tous droits réservés